La direction générale e.SNCF promeut une nouvelle approche de la formation pour accompagner la transformation digitale de l’entreprise et de l’ensemble de ses métiers. Cassandra Cornilleau, Directrice de l’École Numérique, revient sur l’impact du digital dans l’entreprise et dans les systèmes de formation.
La transformation digitale de la SNCF n'est pas une vue de l'esprit. Comme l’indique Cassandra Cornilleau : “Dans le groupe SNCF les métiers sont divers et variés, dans une proportion que nos clients n’imaginent pas toujours… Métiers industriels, métiers du service, métiers transverses… tous sans exception sont impactés par le développement du digital.” Il est donc nécessaire de fixer des priorités, car tout ne peut être fait en même temps : “Nous nous concentrons tout particulièrement sur les métiers transverses, car nombre d’entre eux ont vocation à évoluer voire à disparaître du fait de l’automatisation et de l’intelligence artificielle.” Par ailleurs, dans les métiers industriels on peut être assuré que le Big Data et les algorithmes vont changer les règles du jeu : “La maintenance prédictive est d’ores et déjà à l’ordre du jour, son impact sur les process sera considérable”.
La réussite de ces transformations passent par le plein engagement des collaborateurs dans le développement de leurs compétences digitales et de leur capacité à s’inscrire dans une nouvelle organisation du travail. La formation est appelée à jouer un rôle majeur dans ce qui apparaît comme un processus devenu permanent. Ses défis sont de taille : “Il est tout à la fois nécessaire d’accompagner les collaborateurs dans les évolutions futures de l’entreprise, de leur permettre de se former n’importe où, n’importe quand, sur n’importe quel équipement, et surtout de les aider à prendre conscience et à se responsabiliser dans le développement continu de leurs compétences”.
Pour relever ces défis, il a fallu repenser l’approche RH, notamment à travers la mise en place d’un “écosystème RH” au centre duquel se trouve dorénavant le collaborateur : “Concrètement, la SNCF veut créer les conditions d’un développement de ses collaborateurs au quotidien, mobilisant toutes les parties prenantes - RH, managers et collaborateurs bien sûr. Pour ce faire, il nous a fallu revenir sur nos process, avec un résultat : nos collaborateurs s’impliquent toujours plus dans leur plan de développement individuel, ils ont la main sur le développement de leurs savoirs notamment grâce à la faculté de s’inscrire aux formations dont ils ont besoin… en moins de 3 jours alors qu’il fallait 6 mois avec notre ancien process !”.
On n’insistera jamais assez sur l’importance de développer une véritable culture apprenant, selon Cassandra Cornilleau, “parce qu’on ne se forme pas au digital de la même manière qu’avec le présentiel : pour adhérer à la formation en e-learning… il faut déjà adhérer et “être acculturé” au numérique !” La transformation numérique du groupe s’appuie donc forcément aussi sur la formation en e-learning pour diffuser les usages, les pratiques et les postures dans cette nouvelle ère.
L’effort pour embarquer les formateurs des écoles métiers dans ces nouvelles approches ne doit pas être sous-estimé. Les formateurs prennent conscience que leur métier est largement transformé par le digital, pas seulement dans leur travail au quotidien mais aussi dans les outils qu’ils utilisent, leur posture, la prise en compte du fait que tout le monde doit aussi apprendre par ses propres moyens… Dans le monde du travail qu’on voit changer sous nos yeux, apprendre à apprendre devient une compétence clé de tout un chacun : le métier de formateur en est bouleversé, pas pour le pire ! Au contraire, sa guidance est plus que jamais nécessaire.
Propos recueillis par Michel Diaz
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